En décembre 2017 et en mars 2018, j’ai eu l’occasion de travailler sur quelques projets de photos au Mexique. Je vous présente, dans une série de trois articles, mon travail à propos des ateliers de misère de la région de Tehuacán au Mexique.
Peu de gens portent attention aux conditions de travail derrière les produits de consommation qu’ils se procurent. Cette série d’articles est une petite fenêtre sur les dessous des industries du vêtement au Mexique.
On ne vient pas se marier devant ces chutes
Lors de mon premier séjour, nous étions accompagnés par Martin Barrios de la Commission des droits du travail et des droits humains de Tehuacán. Il nous a amené à un lieu de déversement des eaux usées de lavage des jeans. Nous trouvons un peu partout de ces usines dans la région.
Il faut comprendre que la raison pour laquelle vos jeans ne déteignent pas au lavage, c’est qu’ils ont déteint précédemment ailleurs. La concentration d’usines de jeans dans la région de Tehuacán veut dire une concentration d’eau usée et contaminée de teinture. L’odeur de ces eaux est nauséabonde. Une mousse épaisse couvre les eaux du ruisseau.
Bleu jeans
Le coton n’est pas bleu. Les jeans doivent être teints. Ça semble anodin, mais c’est loin d’être le cas. La pigmentation bleue ne se trouve pas présente dans la nature. Avant la chimie moderne, la couleur bleue était la plus difficile à se procurer pour les peintres. La quantité de bleu dans un tableau était négociée puisqu’elle en affectait le prix. Les pigments étaient fabriqués à partir du lapis lazuli, une pierre semi précieuse. De nos jours, le bleu provient de grandes industries chimiques. Sa composition chimique est complexe et la plupart des bleus sont plus légers que l’eau, ce qui les confinent à la surface des eaux de ruissellement.
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Ceci n’est pas la façon de faire du maïs bleu
L’eau usée des usines est déversée et se retrouve un peu partout dans le réseau de ruisseaux locaux. Ces ruisseaux irriguent les champs des cultivateurs locaux de maïs.
La région de Tehuacán est le berceau mondial du maïs. Selon des découvertes récentes, le maïs comme on le connait (ou presque) date de plus de 5000 ans. Le processus de domestication date de 9000 ans. Les variétés de maïs se comptent dans les centaines. Rassurez-vous, les variantes bleues-mauves ne viennent pas de l’eau contaminée. Vous pouvez continuer à manger vos nachos en toute tranquillité 😉
La concentration de teinture dans l’eau varie selon la proximité des usines et la géologie des lieux environnants. Mais, comme on peut le constater, cette concentration de polluants peut être très importante. Les images sont surréalistes. On a peine à y croire en le voyant.
Cette eau bleue est partout. Les cultivateurs, fautes d’autres ressources, se voient obligés de l’utiliser pour arroser leurs champs. L’odeur rance est partout et les résidus boueux ou sec sont partout à la surface des champs.
J’ai commencé cette série de carnets avec le contexte de violence généralisée du Mexique. À Tehuacán, cette violence n’est pas juste rouge sang, elle est aussi bleu jeans.
Pour en savoir plus sur les ateliers de misère au Mexique:
Les ateliers de misère à Tehuacan
Les nouvelles forment de l’exploitation dans les ateliers de vêtements
Vous pouvez aller voir mes autres projets en cliquez ici.
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