Les mariachis de la Plaza Garibaldi
La Plaza Garibaldi a déjà connu des meilleurs jours, comme les mariachis d’ailleurs. Cette place autrefois un lieu pratiquement incontournable pour les touristes de Mexico est maintenant plutôt déserte.
La hausse fulgurante de la violence au Mexique n’y est certainement pas étrangère. Récemment, cette place publique a fait l’objet de l’attention des médias internationaux en lien avec les meurtres spectaculaires qui y ont été commis. Cinq personnes ont été tuées et huit autres blessées, dont un touriste étranger, lorsque des hommes déguisés en mariachis ont ouvert le feu. Depuis quelques années, peu d’endroits à part les complexes hôteliers protégés sont à l’abri de cette flambée de violence.
Ce qui m’a intéressé d’emblée n’est pas la Plaza en tant que telle, mais plutôt les mariachis qui l’occupent. Dans un de mes voyages au Mexique, j’étais logé à un des hôtels du quartier historique qui se trouve à environ 15 minutes à pied de la plaza. J’ai décidé dans un temps libre d’y faire un tour.
Arrivé sur place, j’ai été très surpris de la scène. Je m’attendais à trouver une place bondée de touristes et l’ambiance qui y est rattachée. La place était plutôt déserte. L’ambiance était un peu glauque. Quelques mariachis flânaient.
C’était plutôt désarçonnant de les voir en habit traditionnel, là, sans rien faire, dans l’attente. Une attente interminable. Une attente pour quoi? Des touristes? Que la place se remplisse? J’y avais amené mon appareil photo plus par réflex qu’autre chose. Moi-même dans l’attente de quelque chose sans trop savoir quoi, je me fondais parfaitement dans l’atmosphère. J’ai commencé à faire des photos. Le temps a passé. La scène n’a jamais vraiment changé.
J’y suis allé plusieurs jours d’affilé et à des heures différentes. Toujours la même chose. J’ai continué à documenter la scène. Il y avait quelque chose de fascinant dans leur ennui. Le contraste avec le plaisir superficiel qu’inspire la distraction touristique habituelle j’imagine.
Revenu à Montréal, le sujet continuait à m’habiter. J’étais allé au Mexique pour documenter des violations des droits des travailleurs et travailleuses et des droits humains en général. Je revenais avec des mariachis qui flânent… Mais, derrière l’apparente banalité, les mariachis semblaient être comme une espèce de métaphore d’un Mexique imaginaire en perdition.
En m’informant, j’ai fini par comprendre le véritable objectif de leurs présences sur cette place publique. Ce n’était pas tant pour y jouer, ce qu’ils font de temps à autre. Comme je l’ai expliqué plus haut, la place n’inspire plus vraiment confiance aux touristes et l’atmosphère laisse plutôt à désirer. Les musiciens s’y retrouvent plutôt pour attendre les propriétaires de restaurants et les gens qui organisent des fêtes et qui se cherchent des mariachis de dernières minutes. Ils sont les journaliers du folklore. À l’image d’une grande partie de l’économie mexicaine, ils œuvrent dans la précarité du moment. À l’image de la société mexicaine, ils oscillent entre deux mondes. Ils oscillent entre richesse et pauvreté, entre folklore et Mexique moderne.
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